Imarivolanitra, nous voilà !
Mercredi 9 mars Photos : cf. album "Andringitra - jour 3"
La nuit était bien froide. Pour voyager "légers", nous n'avons pris qu'un duvet, un tissu, et un sac à viande en soie (Merci Lâm !). Pas de tapis de sol. Mais une tente quand même, qui nous aura bien servi pendant le voyage. La tente n'est en général pas nécéssaire en voyage à Madagascar, on trouve toujours un endroit où dormir (hôtel, bungalow, dortoir chez les soeurs etc...) dans les endroits touristiques ou moins touristiques. Dans la plupart des parcs nationaux, les boucles proposées se font sur une journée, ce qui permet de rentrer dormir, ou bien des tentes sont proposées. Mais lorsqu'on va dans des parcs un peu moins fréquentés, un peu moins organisés que les plus connus, il vaut mieux avoir son matériel. Encore plus si l'on souhaite sortir des sentiers battus ou faire de la randonnée dans des coins déserts (s'il y a risque de pluie ou de froid, sinon, c'est pas mal aussi, à la belle étoile !)...
La nuit était donc froide, et c'est justement au petit matin, quand le soleil se lève et commence à chauffer qu'on se rendort mieux. Mais c'est aussi le moment où il faut se lever, pour cette grande journée ! Et là, éblouissement devant la beauté de la lumière du matin, des premiers rayons de soleil sur la falaise en face de l'entrée de la tente (cf. album photo). Quelques minutes, et la lumière change, ce spectacle là est déjà fini. Bon, après le riz du matin, on part, le plus légers possible, puisque nous laissons la tente et la plupart de nos affaires là (gardons confiance, pas grand monde ne doit passer par ici - ne soyons pas parano sur les vols...).
Nous partons, tous les quatre : le guide Fidelis, le porteur Andry, le vazaha Yoan et moi. Le début est plat, jusqu'à arriver au sentier, qui monte, qui monte... Ce ne sont quasiment que des escaliers, aménagés en grosses dalles de pierres inégales. L'aménagement est appréciable et la somme de travail que cela représente est impressionnante ! Les travaux ont été réalisés par l'association des guides, payés si j'ai bien compris par WWF (World Wild Found), association internationale d'origine états-unienne, qui a fait de nombreuses recherches scientifiques et qui a poussé pour la reconnaissance de l'Andringitra. Et si nous ne sommes pas convaincus de l'intérêt de son classement en Parc National pour les richesses naturelles du lieu, les paysages à eux seuls pourraient le justifier. Des énormes blocs de granit, parfois tous ronds, parfois très déchiqutés, en mélange avec des milieux couverts par des végétaux...
En route, nous trouvons un cadavre de lémurien Maki catta. Il a du tomber de la falaise. Fidélis est étonné que les membres du groupe auquel il appartient ne soient pas dans les parages, voire, ne l'aient pas récupéré. Il en conclu qu'il devait s'agir d'un "nomade", qui s'était peut être fait chasser par la bande qui habite plus haut. C'était bien triste de voir cette jolie bête sans vie.
La montée se poursuit, et les difficultés commencent pour moi. Enfin, les difficultés... J'exagère. Je marche juste à la vitesse d'un escargot quand ça monte, c'est tout. Et aussi, je suis toute rouge au bout d'un moment, et j'ai chaud. D'autant plus que le soleil commence à taper ! D'un autre côté, je ne suis pas toujours un fardeau pour le groupe, car Yoan qui cherche et parfois découvre à chaque tournant une bestiole à observer et photographier est en fin de compte parfois plus lent que moi ! Nous profitons le paysage grandiose à la faveur de quelques pauses, courtes, car le chemin est long. 600 mètres de dénivelé, pour arriver jusque là haut à partir du camp où nous avons dormi.
Plus nous montons, et moins il y a de plantes. Le minéral, la pierre, se font de plus en plus présents. Nous traversons une sorte de col et retombons sur du plat, et enfin, nous voyons le but de notre marche. C'est encore loin !
Nous traversons une minuscule rivière, et Fidelis explique que les élèves de l'école de Namoly sont déjà venus faire une visite là. Il avait fait très froid, et l'eau avait gelé. Un jeune de 14 ans avait alors marché dessus, en se déclarant Jésus, ce qui avait bien fait marrer ses copains. Moi, je me dis juste qu'ils devaient en chier, les pauvres écoliers, et en plus ils avaient dû avoir bien froid ! Mais qu'ils dévaient certainement avoir moins de difficultés que moi !
La fin de l'ascension est parfois proche de l'escalade (OK, j'exagère un peu, c'est juste pour dire que c'est bien raide !), un coup dans des sortes d'éboulis, un coup sur de grandes dalles de pierre arrondies. La marque de l'écoulement de l'eau ressemble parfois à de petites marches creusées dans la pierre.
Au bout de 5 heures de montée, nous y voilà... Panorama à 360°, ciel dégagé... mais on ne voit pas la mer. C'est magnifique, grandiose, etc etc... En malgache, on peut dire "Mahafinaritra", qui signifie "qui rend heureux". En plus, Yoan trouve de beaux criquets dans les lambeaux de végétation. Bref, tout le monde est content. Se reposer, lire puis écrire un mot sur le carnet de sommet, déguster le paysage, boire un coup et apprécier quelques biscuits chocolatés... et il faut redescendre.
Mais non, je ne fais pas la gueule, je suis juste fatiguée, c'est tout !
Nous avons la chance de pouvoir croiser et observer de brefs instants le groupe de lémurs catta qui habitent dans le coin. Ils s'éloignent vite dès qu'ils nous ont repéré, dommage. Ça reste quand même une magnifique observation, ce groupe, qui saute pour s'enfuir !
Avec la fatigue, je me tords une cheville, que Fidelis manipule et étire. Au final, même à froid, je n'aurais pas mal.
Rentrés au camp vers 13 heures, je me douche en plein air, au soleil, pendant que le riz cuit. Nous mangeons notre riz et nous reposons un peu. Puis nous repartons... Hein quoi, nous repartons ?
Suite au prochain message...